Mademoiselle ne glande rien.
Le week-end, enfin ! Mademoiselle a déjà tout prévu et rêve de cette journée depuis des lustres. Vous savez de quel genre de journée elle parle : pas de repas de famille, pas de visite impromptue de potes, pas de travail, pas de ménage, pas de cuisine… et même pas de douche.
C’est donc dans un pyjama deux tailles trop grand et troué à l’entre-jambe (comme tout bon vieux pyjama qui se respecte, ne me demandez pas pourquoi mais c’est comme ça), que Mademoiselle se prépare à son marathon de glandage. Les courses sont faites : Mademoiselle a blindé ses placards de barres chocolatées, petits paquets de chips et canettes de soda. Comme d’habitude, elle a pris des trucs emballés individuellement pour se donner bonne conscience et comme d’habitude elle va tous les ouvrir les uns après les autres…
Première étape : la mise en quarantaine. On verrouille la porte, ferme les volets et change le message du répondeur avant de mettre le portable sur silencieux.
« Salut tout le monde, je ne pourrai pas vous répondre pendant deux jours… »
Bon, on efface, sa mère va la croire à l’article de la mort sur un lit d’hôpital. Ou pire, l’horreur, elle va penser que Mademoiselle la filtre et préparer une vengeance cruelle sur fond de chantage affectif et exiger en réparation que Mademoiselle assiste à une de ses réunions Tupperware… Brrrr !
« Coucou, bon, je vous préviens, je ne vois personne ce week-end… »
Merde, c’est nul, ça. Soit les gens vont trouver Mademoiselle prétentieuse, soit les gens vont croire que c’est un appel au secours : pitié, adoptez-la sinon on la pique.
« France Télécom vous informe qu’en raison d’un problème technique, votre appel ne pourra pas aboutir ».
C’est bien, ça ! Crédible et à peine lâche. Allez, banco.
Deuxième étape : la destruction massive de toute trace d’activité intellectuelle. On range le livre pour intello posé en évidence sur la table de nuit, on sort les magazines de potins. On n’approche pas à moins de cent mètres du bureau et de cette saloperie de dossier à rendre au chef pour la semaine dernière, on contourne habilement la pile de factures à payer, on allume la télé sur un programme bien naze… Alors, dilemme cornélien : les dix débiles enfermés dans une villa avec comme préoccupation existentielle qui est le connard qui a fini le pot de Nutella et qui couche avec qui OU une série médicale dans un hôpital des States avec comme intérêt principal qui va sauver ce pauvre enfant d’une mort certaine et…bah, aussi, qui couche avec qui…
Dernière étape : le respect du cycle biologique. Mademoiselle va donc alterner devant l’écran phases de sommeil et phases de somnolence toute l’après-midi (oui, parce que le matin c’était grasse mat’ dans le lit). Et si Mademoiselle s’amusait à porter un podomètre, le résultat serait prévisible : il suffirait de calculer le nombre de pas entre le canapé et les toilettes ou le canapé et le frigo.
Le week-end se termine. Opération Glandage réussie. Youpi !...
Ce sera donc bien crade, ballonnée, dans le pâté et ronchon d’avoir finalement gâché un temps précieux à ne rien foutre que Mademoiselle redémarrera une nouvelle semaine…