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Mademoiselle Nanou...
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Mademoiselle Nanou...
30 mars 2013

Mademoiselle a un rhume...

     

soupe

       La voilà, gémissante sous la couette, entourée d'une pyramide de petits flocons blancs... Le mouchoir : instrument essentiel de l'état grippal. Aussitôt arraché d'un coup sec de sa boîte, aussitôt rempli dans un concerto de trompettes, aussitôt jeté par-dessus bord. 

       Il faut l'avouer, quand Mademoiselle est malade, elle devient bordélique. De la porte d'entrée au lit, on suit à la trace les étapes de sa mue. D'abord une succession de vêtements éparpillés jusqu'au tiroir à pyjama, sa nouvelle tenue de combat pour les prochains jours. Ensuite, une orgie d'emballages pharmaceutiques fébrillement dépouillés et étalés consciencieusement comme autant de grigris curatifs.

       Au premier reniflement et picotement de gorge, Mademoiselle avait sorti l'artillerie lourde. Elle a réclamé à la pharmacienne la collection complète automne-hiver de dégommeurs de microbes. Pour Mademoiselle, entre le virus et elle, c'est devenu une affaire personnelle.

     Une affaire d'amour-propre, même. Car qu'y a-t-il de plus frustrant, quand on se passe la main sur un front qu'on croit brûlant, de sortir de son trou de balle un thermomètre affichant crânement un petit 37, 2 °C. Cela nous ôte la satisfaction bien connu de pouvoir prouver à ces mécréants qui vivent avec nous qu'on n'est pas une chochotte. 

      D'ailleurs, le rhume est la maladie théâtrale par excellence.

      C'est une attitude, une manière d'être : des soupirs et des gémissements, un mouchoir délicatement pressé sur la lèvre supérieure, une incapacité à prononcer les "m" tellement charmante, une grain de voix rocailleux un brin sexy. Il y a un siècle, la femme languissante atteinte de tuberculose était le must de la séduction. Aujourd'hui, on bataille pour rendre attractif la morve au nez et les poussées de sueur... 

     Le rhume, c'est aussi un look : écharpe jusqu'à la truffe, chaussettes en pilou-pilou, robe de chambre qu'on met et enlève en permanence. Si le Monsieur Jourdain de Molière hésitait à porter la sienne pour une question de standing, Mademoiselle a pour sa part un problème plus concret : elle passe de l'iceberg au sauna en quelques secondes.

    Et Mademoiselle, ça la fait enrager. Il y a des malades sereins, qui ne veulent pas déranger et qui prennent leur mal en patience avec philosophie... Et il y a Mademoiselle, qui maudit le ciel, aboie sur son Homme, refuse tout ce qu'on lui propose et se plaint ensuite qu'on ne s'occupe pas d'elle. Au point que l'Homme en question en vient à se dire que les microbes ont intérêt à clouer le bec de sa belle avant qu'il ne s'en charge à grands coups de bouillotte en pleine tronche.

     Finalement, Mademoiselle retrouve son calme grâce au pouvoir guérisseur de ses remèdes de grand-mère. C'est la mode, et Mademoiselle se doit d'être à la pointe dans tous les domaines. Elle vous soutiendra haut et fort, une fois guérie, qu'elle doit son salut aux tonnes de lait chaud, de thé miel-citron et  de sou-soupe maison qu'elle a englouties pendant trois jours.

    Bien sûr, Mademoiselle, faites l'apalogie du naturel ... Et nous, nous ferons comme si vous n'aviez pas sniffé des rails de paracétamol réduit en poudre toutes les dix minutes. 

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